PROJET GANGUI
Gangui est un projet inspiré par la première exposition de l’association Plastic Art Fair nommée Empreintes. Cet évènement d’art contemporain dont la première édition s’est déroulée à St-Tropez en septembre 2021 a pour objectif la valorisation des déchets plastiques collectés en mer Méditerranée par la création artistique. Pour la deuxième édition du festival, le collectif GANGUI présentera en septembre 2022 et en février 2023 un travail plurimédia sur le thème des filets fantômes.
GANGUI est une réflexion sur nos pollutions immergées et le premier projet artistique de Justine Rauby. Pour elle, la surface-frontière transforme les paysages aquatiques en non-lieux et la béance devient une excuse légitime à des dégradations qui ne seraient pas tolérées en surface. Non représentées, nos empreintes sous-marines hantent des espaces qui restent en grande majorité des impensés.
Ce travail plurimédia traite le thème du filet fantôme comme le symbole de tous les déchets maritimes. Ces engins de pêche sont accidentellement perdus en mer suite à une tempête, à un enraguement ou à la destruction de leur bouée de signalisation. Après leur abandon ces kilomètres de nylon perpétuent une pêche arbitraire, abîment les fonds et polluent l’eau en se dégradant.
Le projet Gangui est constitué d’un film de court métrage – Aquaverse, de textes et photographies argentiques – Dissolution, et d’une action de relevage de filet et de sa valorisation en collaboration avec des artistes – Matières Aquatiques.
Justine Rauby et son équipe se sont immergés sur l’un des plus beaux paysages de Méditerranée française: Les Neiges du banc des Blauquières. Cette roche merveilleuse située à 80 mètres de profondeur au large de La Ciotat est constituée sur une face de corail noir et sur l’autre de gorgones rouges. Depuis la fin de l’été 2021 un immense filet fantôme balafre ce récif coralligène et détruit cet habitat d’exception. Les filets fantômes sont des engins accidentellement perdus en mer par les pêcheurs.euses qui, une fois abandonnés au fond, continuent à polluer l’eau et à tuer. Le projet Gangui traite le thème du filet fantôme comme le symbole de toutes les pollutions anthropiques maritimes, il n’est en aucun cas à charge contre les travailleurs.euses de la mer et encore moins contre la pêche aux petits métiers.
En plus d’un questionnement écologique et d’une production esthétique, le collectif a souhaité mener une action concrète pour aider à la sauvegarde du site. En effet, aidés de plongeurs scientifiques, l’impact du filet a pu être mesuré grâce au protocole établi par l’association GhostMed. Le résultat de l’étude d’impact ne laissant aucun doute quant à la dangerosité de l’engin de pêche, il a été décidé de le remonter en surface pour libérer le site. Grâce aux moyens humains et logistiques de l’association Palana Environnement le filet qui étouffait le corail et les gorgones a pu être retiré. Dans une volonté de transformation et de valorisation des déchets, ce fantôme a pu servir de matière première pour les artistes plasticiens.ennes du Plastic Art Fair.
AQUAVERSE
À la manière d’un Alice au pays des merveilles sous-marin, Aquaverse est un récit sur la disparition et la quête d’un refuge. À travers la plongée d’un personnage mi-humain mi-machine le film soulève un paradoxe attaché aux profondeurs marines: celui d’un monde tangible et vrai mais considéré comme moins réel que nos nouveaux mondes virtuels. « L’Aquaverse » en tant que lieu non habité par l’humanité est de fait un monde parallèle.
Le personnage ne tombe pas dans le piège de son propre reflet mais chute au delà pour entraîner les spectateurs.ices dans une déambulation au coeur d’un récif coralligène de Méditerranée. On y découvre une biodiversité mystérieuse qui semble nous observer tranquillement, comme ignorante du danger que nous représentons pour elle. C’est sous la forme d’un filet fantôme que ce danger va se matérialiser laissant le personnage seul face à un piège de plastique qui se referme peu à peu sur l’humanité.
Le film AQUAVERSE (13’27) est diffusé du 15 février 2023 au 27 mai 2023 dans le cadre de l’exposition PLASTICOCÈNE du collectif POLYMER à la Friche la Belle de Mai (Marseille). Il sera dévoilé publiquement en ligne en début d’année 2024 après avoir été présenté en festival.
DISSOLUTION
Photographies argentiques, Valentin Thibault
Textes, Justine Rauby
« Le Beau Bizarre »
Méduse la gorgone victime du désir mâle est punie pour le crime qu’elle a subie. De sa tête coupée et de son sang naît le corail rouge de Méditerranée, symbole d’un monde parallèle où l’animal et le végétal se confondent, annulant ainsi toute référence terrestre.
La mer provençale possède évidement ses steppes qui dissolvent la diversité des décors et font de ses habitants des spectres mythologiques. Recluse sur le fond je contemple seule le maquis aquatique.
Carta submarina
Les créatures fabuleuses des cartes anciennes à moitié dragon, serpent ou crocodile ont laissé place aux monstres contemporains, polyéthylène téréphtalate ou chlorure de polyvinyle.
La Méditerranée aurait le pouvoir d’absorber nos rejets et de diluer les plastiques.
Mes randonnées sont liquides, leurs pollutions vous sont invisibles. Face au filet oublié, ni charme ni féérie mais des corps animaux et végétaux incarcérés. Je transpose cette scène en forêt: chênes déracinés, genêts rasés, grives et pies asphyxiées, lièvres, renards, sangliers démembrés.
Dissolution
Abris anti-technologique pour humain augmenté : des injections continuelles de gaz tournent en boucle à travers ma cage thoracique soutient à mon souffle immergé.
Je traverse un écran liquide et chute sous une eau de plus en plus lourde pour atterrir, ni trop grande, ni trop petite à l’à-pic d’un récif enneigé. Refuge subaquatique à plus ou moins cent mètres, pays des merveilles aux parures coralligènes et poissons d’argent.
MATIÈRES AQUATIQUES
SONORITÉS
L’artiste NSDOS a réalisé une pièce sonore diffusée lors des évènements Plastic Art Fair (Lavoir Vasserot, St-Tropez, septembre 2022) et Polymer (Friche la Belle de Mai, Marseille, février 2023). Élaborée à partir d’enregistrements audio sous-marins pris sur le Banc des Blauquières grâce à la pose d’un hydrophone et à partir de captations réalisées sur Justine Rauby pendant la préparation de son scaphandre, cette oeuvre mélange éclats de voix, ambiances subaquatiques et sons de recycleur.
TRANSFORMATION
Justine Rauby a souhaité intégrer une action concrète de préservation au projet Gangui. Le relevage à plus de 80 mètres de profondeur du filet fantôme du Banc des Blauquières a ainsi été organisé en collaboration avec PALANA ENVIRONNEMENT. Cette association marseillaise incite pêcheurs et usagers de la mer à déclarer les filets fantômes, organise leur enlèvement et met en place des solutions de recyclage.
Une partie des restes de ce filet a été transmise à une artiste plasticienne, Charlotte Gautier Vantour, pour être transformée en oeuvre. Une autre partie du filet est restée intacte pour servir de support pédagogique et participer à la scénographie des expositions.
GANGUI COLLECTIF
ROBERTO RINALDI
MARIONA VEBER CASTELLI
Et avec l’aide précieuse de nombreux bénévoles pilotes et scaphandriers.ères pour la réalisation des plongées et la participation de l’association PALANA ENVIRONNEMENT pour l’opération de relevage du filet fantôme.
DIFFUSION EXPOSITIONS & FESTIVALS
Fantômes – Plastic Art Fair – Lavoir Vasserot/St-Tropez
Plasticocène – POLYMER Collective – Friche la belle de mai/Marseille
Vestiges – POLYMER Collective – Domaine du Rayol, Le Rayol-Canadel
Deauville Green Awards – prix spécial du jury – Deauville
ONA short film festival – Best Cinematography – Venise
Wildsound festival – Best Cinematography – Los Angeles
Environmental Film & Screenplay Festival – Best Cinematography – Los Angeles
ONED experimental film festival – Toulouse
Festival International du film ornithologique – Ménigoute
Pianeta Mare film festival – Naples
Festival du cinéma nature & environnement – Grenoble
Water Sea Ocean – Slivenec, République Tchèque
Festival international du film et de l’image du monde sous-marin – Ormeau d’Or – Trebeurden
GANGUI? Ancêtre du chalut, le gangui est une technique de pêche méditerranéenne traditionnelle apparue au Xème siècle. Le gangui désigne aussi le filet en forme de sac conique utilisé pour draguer les fonds d’herbiers de posidonies. Être dans le gangui est une expression typiquement provençale signifiant être dans une situation inextricable. S’entend au sens propre comme être réellement emmêlé dans un filet ou au sens figuré comme être dans le pétrin.
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« Ce monstre est celui que les marins appellent poulpe, que la science appelle céphalopode, et que la légende appelle kraken »
Victor Hugo, Les travailleurs de la mer.